Denis Maillard, Co-Fondateur du Temps Commun

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1. Peut-on tout mesurer ?‍

La démocratie moderne est ce régime particulier dans lequel la grandeur numérique est la valeur suprême - cela se traduit classiquement dans le vote à la majorité et bien sûr dans cette volonté qui est devenue la nôtre de tout «compter» et «mesurer» pour faire exister ou prouver… ; il y a donc une quantophrénie propre à notre monde pour lequel la réalité est forcément chiffrée. Or, tout ne se mesure pas, même avec des cœurs ou des étoiles…: la qualité d’un service, la saveur d’un plat ou l’intensité d’un moment… Notre monde résiste encore au Chiffre.

2. Quel est votre instrument de mesure préféré ?

L’œil… et particulièrement ce qu’André Breton appelait « l’Oeil sauvage » cette qualité propre au regard éclairé lui permettant de saisir par des détails infimes, insolites ou inédits qu’une transformation est en cours -ce qui demande de l’attention et de la concentration. On pourrait aussi appeler cela l’intuition, cette faculté qui nous permet, selon Bergson, de coïncider avec un objet ou un être sans médiation aucune pour saisir ce qu’il a d’unique.

3. Donnez-nous un chiffre qui vous caractérise ?

7-10-23… Ce n’est pas la combinaison d’un coffre, ni le tiercé gagnant, mais juste une date. Une date à partir de laquelle quelque chose de la compréhension et de la stabilité de notre monde s’est affaissée ce jour-là.